RAYMOND
MIRANDE. Ce poète porte le plus beau nom qu'on puisse rêver.
Mirande vient de mirare qui veut dire regarder et
quand nous sommes devant ces objets précieux que sont ses émaux,
nous aussi nous les contemplons comme une trouvaille, comme un poème
figé dans ses éclats, dans ses miroitements, dans ses
couleurs. Ce jeune écrivain a lâché les mots
non pas pour l'ombre mais pour la lumière. Il devient sourcier
de l'émail, il redécouvre un monde qui se laisse prendre
sous ses doigts comme une eau pure sous le premier gel. Il atteste
ainsi que le monde est doux au toucher, luisant et frais à l'oeil
et qu'il renferme comme une agate ou une pierre précieuse
les replis les plus mystérieux de la beauté et ce rayonnement
que donne le soleil sur la mer au couchant.
-Préface.
Paris, février 1960-
RAYMOND MIRANDE revient à Paris pour nous présenter les
mille et une nuits de sa création.
Ce jeune artisan du feu expose ses rêveries cuites au four, les
illustrations brûlantes de ses émotions et de ses croyances.
C'est un appel royal dans chacun de ses émaux cloisonnés,
champlevés, venu de la calcination et de la cendre, le bouquet
final où les prairies, les saints, les pampres, le ruissellement
des eaux entre des nervures d'or naissent de l'exaltation d'un poète
et d'un homme confiant et solitaire.
Il y a de la prunelle dans cet émail-là.
Allons passer un moment dans cette euphorie irisée et chatoyante,
loin de la grisaille d'un monde voué au noir et au rouge-sang.
Le feu n'est plus le mercenaire des méchants mais le messager
d'une joie qui vient de la patience d'un artiste et de la lumière
des jours même quand ils sont menacés.
-Préface. Paris, mars 1964-
RAYMOND
MIRANDE, l'inventeur de la nuance... Jusqu'à présent,
l'émailleur utilisait les couleurs du vitrail ou, comme certains,
cherchait la couleur jusqu'à l'éclatement : c'était
le chatoiement, un étincellement qui donnait la joie au coeur.
Aujourd'hui, Raymond Mirande essaie de délivrer le monde, de
le diluer en créant de nouveaux rapports dans les plus délicates
tonalités : dans le nacré, frère des anciens potiers
japonais qui traduisent aussi le rose du ciel, l'or de l'horizon, l'éphémère
pétale et cette infinie soie de la mort dans un "raku" ou
bol à thé.
On pénètre à l'intérieur de ces émaux,
on s'y perd, on est délivré de la pesanteur, du souci
d'avoir des comptes à rendre.
C'est le répit, le bonheur d'expression, la joie qui épie.
Mirande traverse toutes ces épaisseurs pour aller vers sa préférence.
-Préface. Genève, octobre 1973-
Δ